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Portrait de Garry Meus, architecte paysagiste principal à la CCN

Garry Meus

Architecte paysagiste principal

La pointe Kìwekì, l’ancienne pointe Nepean, est un belvédère spectaculaire. Elle surplombe la colline du Parlement et la rivière des Outaouais, aussi nommée Kichi Sibi en algonquien (la grande rivière). Si ce panorama digne d’une carte postale est bien connu, on ne peut pas en dire autant de l’histoire de ce lieu fréquenté depuis des milliers d’années.

Tout cet endroit est fermé jusqu’à l’été 2023, en raison d’ambitieux travaux de réaménagement. En tant qu’architecte paysagiste, je participe à toutes les étapes de ce projet : du concept préliminaire à la fin des travaux. Les discussions avec les groupes autochtones m’ont offert une perspective différente de cet endroit et ont amélioré notre projet. La pointe Kìwekì permettra de découvrir l’histoire de la région sous un angle autre que celui des livres d’histoire.

Au terme du projet, la pointe sera plus accessible et son histoire sera mise en lumière, dans un esprit de réconciliation avec les communautés autochtones. D’ici là, voici un aperçu de ce qui vous y attend.

Un pas vers la réconciliation

Oeuvre de Henry Pooley qui illustre un campement saisonnier algonquin près de la pointe Kìwekì.
"L'entrée du canal Rideau, Ottawa" par Henry Pooley (1833).

La présence continue des communautés autochtones à la pointe Kìwekì et sur les berges de la rivière des Outaouais date de milliers d’années. À ces endroits, des découvertes archéologiques et des enseignements oraux ont révélé, entre autres, des traces de :

  • campements saisonniers;
  • récolte et préparation hivernale;
  • rassemblements, échanges culturels et cérémonies;
  • routes de portage.

Dans un esprit de réconciliation, la CCN a travaillé au projet de réaménagement avec la Nation algonquine, particulièrement les communautés de Kitigan Zibi et Pikwakanagan. Des échanges honnêtes et transparents ont mené :

  • au choix d’un nouveau nom pour la pointe Nepean;
  • à une étroite collaboration à propos du plan d’interprétation;
  • à la relocalisation de la statue de Samuel de Champlain et de la statue du guide anishinabé.

De la pointe Nepean à la pointe Kìwekì

Plan de la nouvelle passerelle reliant la pointe Kìwekì au parc Major.

La pointe Kìwekì figure sur différentes cartes tracées par les explorateurs et les premiers colons. L’un des premiers colons de la région, Philemon Wright, en a produit une en 1820 sur laquelle il nommait cet endroit Bluff Point. En 1876, la pointe a officiellement été nommée Nepean, une désignation indiquant son emplacement géographique dans le canton de Nepean. À l’époque, plusieurs cantons étaient nommés en l’honneur de personnages politiques britanniques du temps. Sir Evan Nepean (1752-1822), homme politique et administrateur de la colonie, était l’un d’eux.

En 2022, au cours du réaménagement de la pointe Nepean, celle-ci a été renommée pointe Kìwekì, un mot algonquien qui signifie « retour à la terre natale ».

Ce nom a été choisi par un groupe de travail formé de personnes provenant des communautés algonquines, spécialistes en histoire ou en patrimoine algonquin et en langues algonquiennes. Il rend audible la présence algonquine dans la région et met en valeur la culture et la langue de sa nation hôte.

Trois principes ont guidé le choix du nom Kìwekì :

  • Le sens. Est-ce que les communautés de Kitigan Zibi et Pikwakanagan lui attribuent le même sens?
  • La signification. Est-ce que ce nom reflète un élément unique de la culture algonquine?
  • Le consensus. Est-ce que toutes les opinions ont été exprimées, entendues et prises en considération?

Le projet de réaménagement compte une nouvelle passerelle, orientée vers l’est, qui relie la pointe Kìwekì au parc Major’s Hill. Son nom, Pìdàban, signifie « aube », symbole de renouveau. Ainsi, les personnes qui emprunteront la passerelle arriveront à la pointe Kìwekì avec le sentiment d’un nouveau départ.

L’interprétation : rien sur nous sans nous

Rendu de la vue panoramique à partir de la pointe Kìwekì

Les éléments d’interprétation communiquent la signification et l’histoire d’un lieu aux gens qui le visitent. À la pointe Kìwekì, la perspective algonquine est fondamentale à l’élaboration du plan d’interprétation.

Les séances de travail avec la Nation algonquine ont aidé à cerner l’approche à adopter pour ces éléments. Le plan d’interprétation racontera l’histoire de la rivière des Outaouais à travers la nature qui l’entoure, en misant sur ses caractéristiques paysagères et leur relation holistique avec la « grande rivière ». Les panneaux d’interprétation prendront la forme de créatures choisies pour leur importance dans la culture algonquine.

Les communautés de Kitigan Zibi Anishinabeg et Pikwakanagan collaborent à la création de ces panneaux.

Relocalisation de la statue Samuel de Champlain

L’aménagement des lieux, comme l’interprétation, racontera l’histoire de la rivière des Outaouais. Le positionnement des monuments et des œuvres d’art contribuera à ce récit.

Le plan de réaménagement initial mettait la statue Samuel de Champlain sur un piédestal, au sommet de la pointe, soit à environ 5 m plus haut qu’à son point le plus bas.

Après des consultations et un réexamen, la statue Samuel de Champlain sera déplacée au centre du terrain. La statue du guide anishinabé sera quant à elle réintégrée le long du sentier périphérique, en surplomb de la rivière.

Un lieu plus inclusif

L’amélioration des aspects d’accessibilité universelle est au centre du projet de réaménagement. Ainsi, tout le monde pourra profiter de la pointe Kìwekì, en apprécier la vue et se plonger dans la culture algonquine. Trois nouvelles entrées mèneront aux sentiers accessibles, dont celle du parc Major’s Hill à partir de la passerelle Pìdàban.


Ce projet rehaussera le paysage de la capitale nationale et le Kichi Sibi, tout en encourageant l’écoute et l’apprentissage. Venez voir ce belvédère spectaculaire dès l’été 2023.

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