Par : Duncan Horan-Lunney, étudiant en biologie 

Deux fleurs violettes dans une prairie. Les feuilles de la fleur ont une texture semblable à celle de l’herbe et il y a des soies jaunes au centre de la fleur.
Calopogon tubéreux (Calopogon tuberosus)

Saviez-vous que 45 espèces d’orchidées ont été découvertes dans un rayon de 50 km autour des bâtiments du Parlement? Cette étonnante diversité de fleurs spectaculaires passe souvent inaperçue. 

Dans le présent article, je traite des espèces d’orchidées les plus courantes, ainsi que de certaines orchidées plus discrètes, qui ont élu domicile dans la région de la capitale nationale. 

L’histoire des orchidées à Ottawa

L’impressionnante diversité des orchidées s’explique en partie par la géologie unique de la vallée de l’Outaouais. En effet, Ottawa est située à la frontière de deux régions physiographiques distinctes.

  • Au nord se trouve le Bouclier canadien, un vestige érodé de l’une des plus anciennes chaînes de montagnes de la planète et un habitat pour de nombreuses espèces d’orchidées boréales.
  • Au sud se trouvent les basses terres du Saint-Laurent, qui ont été façonnées et compactées par une couche de glace de 2 km d’épaisseur qui, heureusement pour nous, a fondu il y a environ 14 000 ans. Cette région est principalement composée de forêts de feuillus et de nombreux milieux humides et tourbières dans lesquels poussent des orchidées.

En raison du chevauchement de ces écorégions, nous retrouvons la diversité de deux écosystèmes distincts en un seul endroit!

Voici un bon exemple qui illustre la situation : l’orchidée boréale calypso bulbeux (Calypso bulbosa) se trouve au sud de la région d’Ottawa, et l’élégante espèce orchis brillant (Galearis spectabilis) se trouve au nord. Ces deux espèces se côtoient rarement. Pourtant, on les trouve toutes les deux dans la région de la capitale nationale.

Orchidées communes que l’on trouve à Ottawa

En tant qu’étudiant en biologie travaillant pour la Commission de la capitale nationale, j’ai eu l’occasion d’explorer les forêts et les tourbières d’Ottawa à la recherche d’espèces d’orchidées.

La présence d’orchidées à Ottawa n’est peut-être pas aussi courante que celle d’autres plantes, mais les espèces qui suivent sont les plus susceptibles d’être aperçues au cours de vos aventures.

Voici les orchidées que vous avez le plus de chances d’apercevoir à Ottawa :

Sabot de la vierge (Cypripedium acaule)

  • Période de floraison : de la fin mai au début juillet
  • Hauteur : de 10 à 59 cm 

Ces fleurs magnifiques forment l’une des espèces d’orchidées les plus communes et les plus reconnaissables de la région d’Ottawa. On les trouve dans les milieux acides et partiellement ombragés, humides ou secs. Ces orchidées peuvent former des colonies comptant jusqu’à 1 500 fleurs, mais on les trouve généralement en groupes d’environ 250 fleurs.

    Fleur unique, rose, en forme de poche, qui ressemble à une pantoufle. La fleur est veinée de lignes magenta. Le sépale brun est déployé au-dessus de la fleur.
    Sabot de la vierge (Cypripedium acaule)

    Cypripède soulier (Cypripedium parviflorum)

    • Période de floraison : du début mai au début juillet
    • Hauteur : de 12 à 57 cm

    Ce parent répandu du sabot de la vierge est pourvu de superbes pétales jaunes qui se remarquent nettement dans une forêt. Le cypripède soulier pousse dans des sols moins acides que le sabot de la vierge. Il se trouve souvent dans les forêts bordant les marais et les tourbières. Cette orchidée préfère également la mi-ombre. Elle peut former de grandes colonies comptant jusqu’à 700 fleurs, mais on la trouve généralement en groupes de 20 à 120 fleurs.

        Deux fleurs de couleur jaune, chacune en forme de poche qui ressemble à une pantoufle. Les sépales verts s’enroulent en spirale vers l’extérieur.
        Cypripède soulier (Cypripedium parviflorum)

        Pogonie langue-de-serpent (Pogonia ophioglossoides)

        • Période de floraison : du début juin à la mi-août
        • Hauteur : de 18 à 62 cm 

        La pogonie langue-de-serpent est pollinisée par les abeilles et ne passe pas inaperçue lorsqu’elle est en pleine floraison. Cette espèce pousse dans des habitats ouverts et humides, comme les marais et les tourbières. Elle apprécie particulièrement les milieux très humides.

        Fleur rose dans une prairie. Les extrémités de cette fleur sont ponctuées de soies jaunes au centre de la fleur.
        Pogonie langue-de-serpent (Pogonia ophioglossoides)

        Calopogon tubéreux (Calopogon tuberosus)

        • Période de floraison : de la mi-juin au début août  
        • Hauteur : de 18 à 64 cm 

        Surtout présente dans les marais et les tourbières, cette orchidée est une « bonne amie » de la pogonie langue-de-serpent. Comme la plupart des bons amis, on les trouve souvent ensemble. En fait, mes photos du calopogon tubéreux et de la pogonie langue-de-serpent ont été prises à moins de 5 m l’une de l’autre dans la tourbière Mer Bleue! Cette orchidée est principalement pollinisée par les bourdons et d’autres abeilles de grande taille et à longue langue.

        Deux fleurs violettes dans une prairie. Les feuilles de la fleur ont une texture semblable à celle de l’herbe et il y a des soies jaunes au centre de la fleur.
        Calopogon tubéreux (Calopogon tuberosus)

        Orchidées rares que l’on trouve à Ottawa

        Les orchidées qui suivent sont très rares dans la région d’Ottawa. En apercevoir une est un véritable cadeau de mère Nature! Certaines de ces espèces d’orchidées n’ont été observées que quelques fois dans la vallée de l’Outaouais, même si elles y sont indigènes. Il suffit de faire preuve de patience et de savoir où chercher!

        Voici trois orchidées rares qui ont élu domicile à Ottawa :

        Aréthuse bulbeuse (Arethusa bulbosa)

        • Période de floraison : de la fin mai au début juillet
        • Hauteur : de 13 à 24 cm 

        L’aréthuse bulbeuse est l’une des orchidées les plus rares de la région de la capitale nationale et sans doute l’une des plus belles. Cette orchidée est la seule espèce du genre Arethusa en Amérique du Nord, ce qui en fait la représentante d’une branche isolée et fabuleuse de la taxonomie des orchidées.

        Fleur rose vif avec des pétales dressés et un pétale présentant des taches violettes et des soies jaunes se recourbant vers le bas.
        Aréthuse bulbeuse (Arethusa bulbosa)

        Orchis brillant (Galearis spectabilis)

        • Période de floraison : de la mi-mai à la mi-juin
        • Hauteur : de 9 à 21 cm

        L’orchis brillant est l’une des premières orchidées à fleurir au printemps. On la trouve dans la limite nord de l’aire de répartition, à Ottawa, dans des milieux mi-ombragés à entièrement ombragés. Cette espèce se trouve rarement en plein soleil et préfère les milieux humides et ombragés. Elle peut produire jusqu’à 12 fleurs sur un seul plant!

        Quatre orchidées remarquables qui produisent des grappes de trois à dix fleurs ou plus, de couleur violet clair et blanc, qui ressemblent à des capuchons. La plante a deux grandes feuilles vertes à sa base.
        Orchis brillant (Galearis spectabilis)

        Platanthère lacérée (Platanthera lacera)

        • Période de floraison : de la fin juin au début août
        • Hauteur : de 11 à 73 cm 

        Cette orchidée est extrêmement rare dans la région d’Ottawa. La platanthère lacérée produit une multitude de petites fleurs délicates, bordées de franges blanches. De loin, les fleurs sont petites et imprécises, ce qui peut faire en sorte qu’elles passent inaperçues. Mais en y regardant de plus près, ces orchidées sont des fleurs uniques qui attirent les papillons de nuit à des fins de pollinisation.

        Fleurs blanches, presque translucides, et feuilles vertes dentelées.
        Ragged fringed orchid (Platanthera lacera)

        Respecter les orchidées

        Un grand nombre des orchidées présentées dans l’article se trouvent dans des écosystèmes fragiles et uniques, comme la tourbière Mer Bleue. Durant vos aventures, il est essentiel de rester sur les trottoirs de bois et de ne jamais marcher dans la tourbière. Chaque pas que vous faites en dehors du sentier peut endommager la vie végétale et animale qui se trouve sous vos pieds.

        Les personnes qui ont l’œil averti pourront observer de nombreuses orchidées depuis les trottoirs de bois de la Ceinture de verdure. Les pourtours de la tourbière Mer Bleue, avec leurs sentiers balisés, sont également un endroit idéal pour repérer des orchidées. Emprunter les sentiers au départ des stationnements P20, P21, P22 et P23 de la Ceinture de verdure est le meilleur moyen d’apercevoir certaines des orchidées qui vivent dans les tourbières.

        Nous sommes responsables de la préservation de ces milieux et de ces espèces pour les générations à venir. C’est pourquoi il est impératif de ne JAMAIS cueillir ou récolter d’orchidées dans la nature.

        Allan et Joyce Reddoch, conservateurs des orchidées d’Ottawa

        Dans la région d’Ottawa, Allan et Joyce Reddoch ont passé 55 ans à étudier et à explorer la diversité des orchidées indigènes d’Ottawa. Leur travail représente la plus importante série d’études à long terme sur les orchidées au Canada et a permis de documenter la diversité des orchidées d’Ottawa et de la rendre incroyablement accessible.

        Allan Reddoch est décédé à l’automne 2023 à l’âge de 92 ans. Il manquera énormément à sa famille, à ses amis et aux communautés d’Ottawa et de naturalistes. Nous devons prendre conscience de la chance que nous avons de vivre dans une région qui fut le foyer de naturalistes aussi passionnés. En tant que jeune biologiste, j’ai été profondément inspiré par le travail d’Allan et de Joyce, et j’espère que vous le serez aussi. Les orchidées et les milieux qu’elles habitent sont de véritables spectacles de la nature.

        Allan et Joyce ont mis la barre très haut, et j’espère que la lecture de cet article inspirera un sentiment d’admiration et de responsabilité à l’égard des magnifiques fleurs qui ont élu domicile dans la capitale de notre pays.

        Avis sur l’utilisation de témoins (cookies) : Ce site Web utilise des témoins (cookies) pour connaître les habitudes de navigation des visiteurs. Les témoins aident la CCN à améliorer ses services et la valeur de ses contenus. Lire notre politique sur la protection des renseignements personnels.