Stephen Aitken

Secrétaire général de Biodiversity Conservancy International et coordonnateur du projet de restauration des dunes de la forêt Pinhey

Dernière mise à jour : jeudi 2 juillet 2020,

Dunes de la forêt Pinhey
Dunes de la forêt Pinhey

Comment se fait-il que l’ouest d’Ottawa compte une vaste zone exposée de sable blanc et fin? Cette zone faisait partie des fonds sablonneux de la mer de Champlain, qui s’est formée après le retrait de la nappe glaciaire Laurentide il y a plus 10 000 ans. Les géologues ont constaté que les vents du sud-ouest ont contribué à la formation des dunes de la forêt Pinhey. Au fil du temps, des organismes qui vivaient dans la région se sont adaptés et ont évolué dans ce milieu très extrême. Seules quelques espèces végétales et animales pourraient survivre sur la surface brûlante des dunes durant l’été.

Les dunes de la forêt Pinhey constituent l’un des écosystèmes les plus singuliers de la région de la capitale. Elles abritent plusieurs espèces de plantes et d’animaux qui ne peuvent vivre que dans des zones ensoleillées et exposées. La température à la surface des dunes varie de 60 °C à 72 °C en été, et la profondeur de ce sable fin et sec atteint de trois à cinq mètres. Biodiversity Conservancy International (BCI) travaille avec la CCN depuis près de 10 ans à la restauration de cet écosystème rare et menacé de la Ceinture de verdure de la capitale du Canada.

L’importance des dunes

Avant et après
Avant et après

Lorsque j’étais enfant, au début des années 1960, les dunes étaient un de mes terrains de jeu. À l’âge adulte, j’ai constaté leur lente disparition. En 1995, j’ai cofondé BCI avec P.T. Dang, Ph. D., et des années plus tard, j’ai commencé à me rendre compte à quel point la disparition des dunes serait une perte importante pour la région de la capitale nationale. L’endroit où j’avais l’habitude de jouer pendant des heures était un habitat important pour des insectes. Nous travaillions à un projet avec des entomologistes et des spécialistes locaux des coléoptères qui faisaient de la recherche sur les dunes. Ils m’ont parlé des insectes uniques qui allaient disparaître avec la perte de ce rare habitat, entre autres, de la cicindèle blanche, qui est pratiquement invisible à la surface des dunes, et du fourmilion, qui se nourrit des insectes qui tombent dans son piège.

Utilisation d'un tamis fin
Utilisation d'un tamis fin

Le patrimoine naturel et la biodiversité particulière des dunes n’ont pas toujours été estimés comme ils le sont aujourd’hui. Au début des années 1950, dans le cadre de programmes de plantation, on a planté des pins rouges et d’autres espèces d’arbres qui ne poussaient pas naturellement dans les dunes. Ces arbres ont occupé graduellement de plus en plus d’espace, et la matière organique qu’ils ont créée s’est déposée dans le sable et a transformé les dunes en pinède. Mon équipe et moi avons pu constater à partir de photos aériennes qu’il ne reste plus que 5 % des dunes d’origine. Nous étions préoccupés au sujet des insectes, des animaux et des plantes qui dépendent des dunes pour survivre. Nous voulions aussi faire connaître aux résidants d’Ottawa ce rare écosystème qui se trouve à deux pas de chez eux.

Faire revivre les dunes

La restauration des dunes a débuté par un simple appel téléphonique à la CCN en 2012. Nous voulions demander un permis pour étudier les insectes des dunes. Eva Katic, de la CCN, a décidé de venir nous rencontrer sur place. Nous lui avons montré que sous la pinède se trouvait un écosystème qu’il valait la peine de préserver. Les travaux de restauration ont donc débuté. La CCN a dirigé les travaux dans la zone centrale des dunes bordée par le chemin Slack, la promenade Vaan et l’avenue Pineland, dans le secteur Nepean. Cette zone n’était qu’une parcelle du réseau de dunes d’origine. Mon équipe a réussi à obtenir une subvention de la Fondation Trillium de l’Ontario et d’autres bailleurs de fonds, ce qui a donné son élan au projet.

  • La CCN a enlevé de nombreux arbres qui avaient été plantés afin de rétablir la zone ouverte des dunes, soit environ 2 % du réseau de dunes d’origine. Les copeaux de bois ont servi à protéger les sentiers se trouvant près des dunes des mauvaises herbes.
  • Nous avons retiré de la matière organique qui s’était mélangée au sable, comme des herbes, des racines mortes, du bois pourri et en décomposition, des feuilles et de fines particules de 1 à 2 millimètres.
  • Nous avons remis dans son état naturel le sable sale en utilisant des tamis fins.
  • Depuis, la CCN a ouvert deux autres sites, contribuant ainsi à la conservation d’organismes des dunes, dont l’emblématique cicindèle blanche, qui est menacée de disparaître de cet endroit.
  • Dans le cadre des travaux de restauration, nous avons planté divers végétaux des dunes, qui avaient complètement disparu en raison de la dégradation de leur habitat.
  • Durant le projet, nous avons publié un modèle de restauration de dune pour offrir un cadre à ceux qui travaillent à des projets similaires.

Un laboratoire naturel

Nous tenons des séances sur les travaux de restauration tous les dimanches matin aux dunes. Ces séances permettent aux participants de mieux comprendre les études sur la biodiversité et de vivre une expérience pratique de la conservation des écosystèmes. Les gens de tous âges peuvent apprendre comment sont construits les écosystèmes et comment des chaînes alimentaires se sont adaptées pour survivre dans des milieux extrêmes. Pour participer aux séances, communiquez avec nous par courriel (info@biodiversityconservancy.org) ou consultez notre page Facebook.

Nous sommes très chanceux d’avoir accès à ce rare joyau dans la Ceinture de verdure. Je vous invite à apporter votre piquenique, vos sandales de plage et votre crème solaire et à venir profiter d’une journée stimulante aux dunes de la forêt Pinhey.

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