Christine Mailhiot
Ancienne adjointe aux communications
Chaque printemps, la région de la capitale nationale se couvre de tulipes. Et nous admirons ce spectacle à Gatineau et Ottawa depuis plus de 70 ans. Cette tradition remonte à la Seconde Guerre mondiale, conflit à la fin duquel les Pays-Bas ont offert au Canada 100 000 bulbes de tulipes en reconnaissance de la part qu’il a prise dans la libération de ce pays. Les tulipes symbolisent l’amitié de longue date entre le Canada et les Pays-Bas.
Nos chères tulipes ont leurs petits secrets. Les connaissez-vous? Dans ce billet, nous en dévoilons six qui ne manqueront pas de vous étonner.
1- Les tulipes sont comestibles
Cela vous surprend? Peut-être pas, mais que la tulipe soit une cousine de l’ail et de l’oignon est un fait des plus curieux! La tulipe est en effet une amaryllidacée, comme l’ail, l’oignon et d’autres plantes dites « à bulbe ». La fleur et le bulbe de toutes les amaryllidacées sont comestibles.
Au cours de la Seconde Guerre mondiale, une grande famine s’est abattue sur les milieux ruraux hollandais. Plutôt que de planter ses bulbes de tulipes, comme elle le faisait depuis des centaines d’années, la population des Pays-Bas s’en est alors nourrie.
2- L’équivalent de neuf patinoires de la LNH
À la CCN, nous entretenons plus de 120 platebandes de fleurs, réparties entre Gatineau et Ottawa. Chaque printemps, vous y admirez, dans les parcs, près d’un million de tulipes de 100 cultivars différents. Combinées, ces platebandes couvrent une superficie d’environ 14 000 m². C’est à peu près l’équivalent de neuf patinoires de hockey de la LNH!
Chacune de nos platebandes est bondée de tulipes. Dans les parcs que nous gérons, nous plantons de 50 à 60 bulbes de tulipes au mètre carré, dans les ensembles de forme irrégulière, et jusqu’à 75 bulbes au mètre carré, dans les ensembles de forme particulière. À titre de comparaison, à Keukenhof, un jardin européen de 32 hectares, le ratio de tulipes par mètre carré est d’environ 40 (et de 60 à 80 dans les ensembles de forme particulière).
3- De minuscules jardiniers improvisés
C’est à Tina Liu, architecte paysagiste à la CCN, que nous devons la composition artistique des massifs qui enjolivent la région de la capitale. Mais elle n’est pas la seule à décider de l’aménagement floral de la région. De tout petits artistes parmi les plus imprévisibles y mettent également leur touche : les écureuils!
Ces mignons rongeurs ont un plaisir fou à déterrer les bulbes et à les enterrer ailleurs. Une tulipe mal assortie tranche dans votre parterre? Vous le devez fort probablement à l’un de ces minijardiniers spontanés. C’est là le genre de surprise qui ajoute à l’émerveillement ressenti lorsque les tulipes éclosent chaque année.
4- À chacun sa tulipe (ou presque!)
Qui n’aime pas les tulipes? Et qui n’a pas secrètement sa couleur préférée? Si jamais vous cherchez toujours la tulipe bleue parfaite dans les massifs de Gatineau ou Ottawa, vous pourriez chercher longtemps, car elle n’existe pas!
Il y a des tulipes de toutes les couleurs de l’arc-en-ciel – sauf le bleu. En effet, aucune ne possède naturellement le pigment bleu. Même si de nombreuses tulipes portent un nom contenant le mot « bleu », par exemple la ‘Blue Parrot’, la ‘Blue Aimable’ ou la ‘Blue Wow’, ces cultivars sont plutôt de teinte violette. Malgré la légère confusion que leur nom suscite chez leurs admirateurs, ces fleurs sont magnifiques!
5- Un an de planification pour une belle éclosion
Nos experts commencent à planifier l’aspect des massifs de tulipes de 12 à 18 mois avant l’éclosion des fleurs. Voici un aperçu d’une année ordinaire.
Printemps
Pendant que vous admirez les tulipes en pleine floraison, nous faisons déjà des plans pour l’année prochaine. Notre platebande d’essai se trouve au parc des Commissaires, un peu à l’écart dans ce haut lieu du Festival canadien des tulipes. Vous y verrez des carrés de certaines des variétés nouvelles ou à réintroduire, qui servent à des fins d’observation. Nous mettons ces fleurs à l’essai pour évaluer leur rendement et leur qualité avant de les planter par milliers dans nos autres platebandes pour le printemps prochain.
Été
Dès que les tulipes sont fanées et remplacées par des plantes annuelles, nos équipes dessinent les aménagements floraux, vérifient la disponibilité des bulbes et passent leurs commandes.
Automne
Une fois les annuelles retirées des parterres, nous préparons le lit des futures tulipes en y ajoutant du compost, au besoin. Les bulbes sont plantés de la mi-octobre à la fin du mois. Il faut à nos entrepreneurs environ trois semaines pour garnir les 120 platebandes de Gatineau et Ottawa. Elles sont ensuite entourées d’une clôture à neige qui les protège tout l’hiver contre les débris et les animaux.
Printemps suivant
Une fois la neige fondue, habituellement en avril, nous procédons à une inspection et enlevons les clôtures. Puis, nous attendons que le spectacle commence! Nos architectes paysagistes garnissent les massifs de différents cultivars, qu’ils combinent afin de maintenir une belle floraison environ quatre semaines. Quand les tulipes commencent à se faner, vers juin, nous les retirons et plantons des annuelles à la place.
6- La seconde vie des tulipes
Après la floraison, trois choses peuvent arriver à nos tulipes. D’abord, les plus chanceuses restent sur place et feront partie du prochain aménagement. Nous laissons donc leur bulbe en terre une fois que la fleur et les feuilles ont flétri. Pour l’été et l’automne, les mêmes parterres sont alors ornés d’annuelles aux racines peu profondes, qui ne perturbent pas les bulbes en dessous.
Ensuite, certains bulbes sont donnés à des organismes sans but lucratif ou à des écoles, dans le cadre de notre programme de don de bulbes. Enfin, nous compostons ceux qui ne peuvent pas être traités comme des vivaces en raison du climat. Ils deviennent alors un engrais pour nos nombreux jardins à Gatineau et Ottawa.
Ce billet vous donne le goût de contempler nos splendides tulipes? Rendez-vous à la page des tulipes pour voir nos plus récents aménagements et trouver le meilleur endroit où les admirer.